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La vie à Lakou Mango avec la Covid19

La covid19 est aujourd’hui une pandémie mondiale. L’Etat d’urgence sanitaire est déclaré dans plusieurs pays et des mesures sont prises pour tenter de limiter la propagation du virus. Il compte déjà des milliers de mort à travers le monde, Haïti n’est pas épargné. Si au début, le nombre de personnes infectées étaient largement contenu, la situation a vite échappé aux mains du gouvernement. A présent, nous comptons déjà environ trois milles cas confirmés et une cinquantaine de morts. Les mesures sanitaires (port du masque et le lavage des mains) et le confinement sont décrétés. Cependant, concrètement ces mesures ne peuvent être et ne sont pas respectées.                    

            A Montagne Noir, dans le quartier de Lakou mango, la vie sous la covid19 est très compliquée. En effet, plusieurs personnes sont infectées dans la zone au fil des jours. Cependant, on est toujours face à l’incrédibilité des gens. Qu’est-ce qui expliquent qu’ils banalisent cette épidémie au point de la considérer comme une « petite fièvre » ? Les gens refusent de croire tout simplement en la présence du virus dans nos terres. Ce comportement serait alimenté, à bien des égards, par le gouvernement à travers notamment un manque de transparence dans la gestion de la crise et leurs décisions contradictoires. Ajouté à la méfiance habituelle du peuple en nos dirigeants, les gens disent que la covid19 n’est que politique. On peut également dire que le fait de ne pas croire est un système de défense car admettre qu’il y a la covid19 en Haïti, ce serait aussi admettre qu’on n’est pas prêt pour y faire face. On se retrouve donc avec des gens qui ne prennent pas forcément à cœurs les mesures sanitaires et d’autres qui auraient voulu mais qui ne peuvent pas le faire.

Chez nous et à Lakou Mongo spécialement, se laver les mains et porter un masque sont un luxe qu’on n’est pas nombreux à pouvoir s’offrir. L’accès à l’eau potable n’est pas facile soit à cause du coût ou de la distance. Le masque, de son coté, est aussi couteux et les gens préfèrent en confectionner des artisanales, qui ne sont pas forcément efficaces.

Le confinement n’est clairement pas possible pour des gens qui vivent au jour le jour. En effet, les gens doivent sortir pour pouvoir nourrir leur famille car leur unique source de revenu est basée sur le marché informel. Le confinement pour eux n’est donc pas une option. On va donc les entendre dire dans les rues que s’ils restent chez eux, ils vont mourir de faim; s’ils sortent pour chercher la vie, ils vont aussi mourir du virus. Ils se résignent au deuxième choix. Le gouvernement n’a malheureusement pas compris qu’il se devait d’accompagner le confinement avec d’autres séries d’aide pour ces familles.

Le pire c’est que quand les gens sont infectés, ils refusent de se rendre dans les centres médicaux. Ils préfèrent rester chez eux et se soigner avec des plantes médicinales.  En effet, ils ont peurs car on raconte que dans la plupart des cas, après avoir reçu une injection dans ces fameux centres, la personne décède quelques temps plus tard. On ne saurait confirmer cette rumeur mais on sait que les hôpitaux ne disposent pas d’assez de lits pour recevoir les malades, les personnels soignants ne disposent pas de matériels requis pour faire face à cette crise. Autrement dit, nous sommes démunis.

Les portes d’ESMONO demeurent fermées. Nous ne sommes malheureusement pas en mesure d’assurer une continuité pédagogique puisque les élèves et les professeurs ne disposent pas des matériels (ordinateurs, téléphones intelligents) avec lesquels on aurait pu assurer les cours en ligne. Le gouvernement tente de proposer des cours à la télévision néanmoins, il n’y a pas d’électricité. Cependant, afin de ne pas perdre cette année académique, nous allons mettre un système en place avec les moyens du bord pour poursuivre l’enseignement. Nous comptons prendre contact avec les professeurs qui prépareront les cours. Nous prendrons le soin de faire les impressions et de les distribuer aux élèves chez eux par le biais de délégués. Quoique, nous restons dans l’attente d’une possible évolution des choses. Nous ne savons pas encore quand on pourra reouvrir nos portes et encore moins dans quel état psychologique nous trouverons nos élèves.

Voilà une manière succincte de brosser le tableau du climat dans lequel le quartier est plongé sous la covid19. La vie à Lakou Mango avec la Covid19

Melissa & Olmyda

Vidéos: Distribution des masques demandées par l’Etat pour les enfants

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